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Journal d'une Dramaqueen
15 août 2007

Apothéose

Le lundi touristique bascule entre le simple clinquant néobourgeois des beaux quartiers et la claque magistrale que Gaudi a su donner par son génie et talent à la construction de la Nouvelle Barcelone de la Belle Époque. J’ai visité la casa Battlo dimanche après-midi — il est tout de même à noter que passer pour un touriste signifie aujourd’hui des tas de sous à dépenser ; seize euros pour un petit aperçu d’un bâtiment ou les appartements ne proposent même pas le mobilier d’origine, c’est tout de même cher. Par contre pour les sorties, le Gay Barcelona n’est pas plus cher que Paris au final. Bref, retour à dimanche et la casa Battlo, ensuite ce lundi la Sagrada Familia. Quel délire architectural que de prendre le langage artistique du gothique et de le réinventer comme une sorte de nature devenue pierre. Gaudi se positionne totalement à part sans référence aux autres mouvements de l’Art Nouveau. Une claque à la gueule de ce bâti pompeux que nous a laissé la fin de ce siècle-là avec les immenses richesses provenant des colonies.
J’ai ressenti la même claque quand je suis allé voir plus tard dans la matinée le pavillon de Mies van der Rohe, entourée de l’architecture des années trente si glorieuses, où la vieille Europe célèbre sa puissance et sa suffisance envers les autres mondes. Un rococo hispanique et Art Déco dans lequel se plante le pavillon aussi sobre que le pinceau japonais dans les fioritures chinoises. Trois murs, trois types de pierre, du verre, deux bassins d’eau et la lumière font jaillir un espace d’une beauté à couper le souffle. Créé en 1929, ce pavillon est toujours plus moderne que tout ce fatras d’architecture dit contemporaine.
Autre dicothomie. Barcelone me plaît, et à parler avec T. (son parcours dans la mode, ses projets de guesthouse etc.), j’ai une envie folle de m’y installer. Comme toutes les fois où je me suis retrouvé quelque part, par exemple à contempler le ciel de Reykjavik dans le hot-pot sur le toit, après une nuit en boîte. Ou à Londres, sur la petite pelouse de chez Nigel. No es possibile. J’ai raté un truc. Je n’ai pas ce carnet d’adresses qui me permettrait d’appeler un copain de baise qui bosse pour une grande compagnie d’assurance dont la succursale barcelonaise dispose d’une penthouse à la disposition des clients et qui de ce fait pourrait m’être offerte comme point de chute à un week-end de baise et de boîte, femme de ménage et frigo achalandé compris.
Ne nous plaignons pas. Je suis retourné au Metro lundi soir, après avoir fait connaissance d’une demi-douzaine de gars sympas au Punto BCN et au Dietrich, pour y écluser des bières et manger un hamburger de facture locale or succulente, accompagné de Juan-Carlos que j’ai revu et qui est d’une gentillesse réconfortante. Enfin soirée au Metro où j’ai assisté à une heure de spectacle de travestie agrémenté d’une présentatrice vraiment folle et incroyablement drôle, à juger par les quantités de rire à ses blagues que j’ai à peine saisies. Ensuite, j’ai dansé sur la piste, un peu comme cet été à Hambourg, la première fois que nous partions à Hambourg assister à la Leatherpride du mois d’août, heureux, complètement serein, torse nu, me sentant sûr et fier, empli d’une plénitude, les soucis, tracas et autres angoisses existentielles loin derrière moi, Hiroshi juché sur mon épaule, gardien d’une existence que je comprime en une heure de danse à défaut de l’avoir vécue en trente ans.

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  • Humeur au fil des jours sur la gaytitude parisienne d'un mec plus tout jeune et happé par les marasmes quotidien en pleine Pédalie. J'ai un gros grain et je l'assume, mais je n'ai pas la grosse tête.
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