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Journal d'une Dramaqueen
10 mai 2008

Tic-tac tic-tac dit la montre : J-146

Splendide week-end de l'ascension. Du soleil plein, je suis en troisième journée de bronzette, cette fois-ci sur le parvis de Saint-Eustache. Prendre des couleurs. Mozart dans les oreilles, MacBook sur les genoux. Narrer les turpitudes. Remonter les jambes, les plier droit, redresser mon dos. Essayer à faire comprendre à ma vieille carcasse que le Jour du Seigneur n'est pas encore arrivé. Que j'ai toujours un petit peu de chance. Les hormones me taquinent. Toute à l'heure dans le RER, avant de venir, un petit mec — façon de parler — musclé, râblé et avec ce petit plus d'enrobage qui en fait un canon sans en faire un musclor. La Dramaqueen mouilla instantanément.

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Un pigeon roucoule pour convaincre sa belle qui l'ignore. C'est moi, ce pigeon. Non, je suis la colombe innocente qui ignore le malheur qui s'abattra sur elle. Hirondelle, elle croit dur comme fer à son printemps unique.

Pont du Premier Mai. Les collègues, un peu de ménage, des courses, des bières au Cox, un dîner avec B. — exposition et frustration.

Pont de l'Ascension. Pareillement rempli de solitude? Oui et non. Beaucoup de Sporting et de sorties. Jeudi je croise le mari du chien, quelques verres, ensuite une petite brochette de gens, allez savoir pourquoi, au Cox, qui papotent. Un dentiste libanais, son mari en couple libre, un Philippe légèrement abusé et totalement murgé. Un Lulu qui me fait craquer avec son air de Michaël Youn et ses poils blond foncé partout. Il repart, revient, me demande mon numéro de portable, je lui file ma petite carte préparée à cet effet. Je sais qu'il n'appellera pas. Un autre Jérôme arrive, se dirige vers le comptoir. Le service est lent, happy-hour et affluence de dindes à abreuver obligent. Gros sourire. Encore un gros sourire. Je me dirige vers lui, lui dis qu'il est mignon. Je repars. Plus tard, il me revient m'annoncer être la avec des copains, mais voilà, si je pouvais lui filer mon téléphone, il rappellera, c'est promis. Je l'ai recroisé hier, sur le parvis de Beaubourg, et reçu la même promesse. Coïncidence ?

Hier après le sport et la bronzette, la satisfaction de passer entre deux portes parce qu'il n'y a vraiment plus de ventre (bon un peu toujours) because que je suis resté sur une pelouse où le tenancier id est le maître du Sporting ferma la grille, mais avec une chaîne suffisamment longue pour que je puisse tout de même me filer entre les deux battants. Je me voyais mal sauter par-dessus la grille.

Après cette aventure, je me suis rabattu sur le Cox, bière en pression. Sept heures, les dindes se toilettent leur plumage. Un peu seul. Très. Et voilà que la moitié des Amériques arrive, accompagné d'un charmant jeune homme que j'avais déjà rencontré pour le réveillon du jour de l'An. On discute. Ils lancent de l'analyse et me taquinent prétendant que je sois trop intellectuel. Que je ne laisse pas venir les choses à moi. Que mon discours et rodé. Et que non, la cinquantaine ne signifie pas que désormais tout est fini. J'acquiesce mais n'y crois pas une seconde. Le tic-tac est dans ma tête. Insidieusement, inlassablement, implacablement. Distorsion entre le vécu réel et la part de rêve. Barbara Cartland face à face avec Descartes.

Interlude. F. m'explique que A. était fou transi de moi en début 2007. Oui. C'est exactement cette tragique méprise que je rencontre et redoute à la fois. Les mecs qui me branchent ne me remarquent pas, d'autant plus que je ne sais pas les draguer. Je n'ai pas le verbe utile et flatteur, juste intellectuellement précis. Les hommes qui flashent sur moi m'effraient parce que premièrement je ne peux pas coucher avec mon père (je veux dire quand ils ont vraiment et visiblement la cinquantaine) et deuxièmement je ne vois absolument pas ce qu'ils peuvent bien me trouver. Je suis tellement quelconque. Toute la brillance intellectuelle, cette facilité de manier langue et concepts, le petit discours qui fait tilt, le bon mot bien placé qui fait rire — hier j'en étais capable ; d'autres fois, j'étais juste pathétique quand mes allusions tombent à plat comme des pétards mouillés — ça n'est rien quand je veux réellement séduire, ou simplement convaincre. Le discours est extrêmement simple car régit par des règles. Le relationnel avec les gens, lui, est rempli de chausse-trappes d'approximation où le non-dit se mêle avec la charge de l'émotif. Aucune maîtrise, l'angoisse permanente, rien qui puisse structurer par des règles simples cet espace de communication au feeling. Je ne sens rien. Juste que mes certitudes découlant de mes expériences vécues sont caduques, inappropriées et gênantes. Ça, tous me l'ont bien fait comprendre. En fac, après, au boulot, je dirais même à Gaipied. Gentil, la Dramaqueen, mais chiant à mourir. Lent, emplis de paroles, verbeux, et en même temps tranchant dans ses convictions, et ses opinions. La lesbienne de service et mon ancien chef à TOPQ : même constat. Ils n'écoutent pas ce que j'ai à dire. C'est trop long. Une question de politesse? De respect? Moi qui m'évertue à écouter les autres.

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  • Humeur au fil des jours sur la gaytitude parisienne d'un mec plus tout jeune et happé par les marasmes quotidien en pleine Pédalie. J'ai un gros grain et je l'assume, mais je n'ai pas la grosse tête.
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