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Journal d'une Dramaqueen
22 mai 2008

J-135 - Alors tout va bien ?

Oui. Réponse officielle. À tous ceux qui me posent la question, en dernier Mrs B. hier à la machine à café. Oui, je vais bien. Rien à signaler. Analyse de sang comme d’hab, cholestérol normal, un peu trop de transaminase, conséquence logique du BodyAttack de la veille du jour de la prise de sang. Pas de petites bêtes détectées. Le coup de soleil du long double pont de l’Ascension ne s’est pas transformé en pelade. J’ai pulvérisé les records de découvert, TagHeuer débité et APRI non remboursé. EDF a finalement annoncé un remboursement intégral des misères causées avant noël. La (sur-)tension baisse.

Pourtant, même juché sur mon vélo, le seul moment de la journée au Sporting où je me sens vraiment apaisé, j’entends le tic-tac du compte à rebours. Je me berce par les mélodies des sonates pour piano de Mozart ou de Beethoven, j’écoute Scarlatti, Bach et Rameau, leurs sonates pour clavecin. Palliatif qui calme mon angoisse. Je ne vais pas bien. Je lorgne sur les belles queues, c’est terrible, il y en a de trop, de trop près, ces derniers temps au vestiaire du Sporting, avant, après ma douche. Ne pas y penser. Ne pas bander. Ne pas confondre l’attirance exercée par les hétéros avec le rejet de garçons qui peuplent le triangle rose du Marais. Dindes dinosaures avachies comme moi sur des tabourets de bar, lubriques, pathétiques, moches, entourées d’essaims de jeunes trentenaires fringants et petites poulettes écervelées qui hier étaient juste des poussins en devenir. Devenir. Le mot qui cristallise tout mon mal-être. Ne plus pouvoir faire car le devenir est clos. Épuisé. Parti en fumée, choses futiles et vains espoirs. Ne reste que le bilan sans résultats d’une vie sans incidents. Sans joie. Sans fierté. Banale.

Cette mélodie du bonheur perdu, je l’entends dans ma tête, tous les jours, le matin en allant bosser à TOPQ où la même lassitude d’une occupation salariale payée m’attend face à mon labeur insipide et quotidien. J’entends le crescendo de l’indifférence que suscite la vue des mecs au Sporting, les nouvelles recrues ayant succombé aux sirènes du Marketing Vit’Halles. Ils ont largement la quarantaine — ou plus encore — du bide, du gras, le dos rond, la cage thoracique qui se bombe vers l’avant, les peaux qui pendouillent, le cou courbé, la nuque grasse, les épaules affaissées, les mollets en varice, les cuisses maigres, et le regard torve des cadres intermédiaire à la carrière professionnelle contrariée. Voici mon terrain de chasse. Parce que j’ai leur âge. Parce que c’est ce qu’il se trouve dans le Marais, sauf avec un peu plus de fringues branchées et un tout petit peu moins de bide. Les cheveux sont tout aussi gris, les calvities en phase d’accouchement terminal, bref, ils ne sont pas sexe du tout. Au Sporting il y a deux mecs où vous constatez facilement qu’ils avaient tout le potentiel du beau gosse à vingt ans, et aujourd’hui, avec un ventre gras et flasque, ils sont totalement tue-l’amour. Mrs B. sait de qui je parle quand j’évoque les deux G.F. de chez TOPQ, qui ont mon âge et me feraient immédiatement débander à la seule évocation de débats ou galipettes ensemble dans le même lit.

Renoncement et vieillesse. Que me reste-t-il ? Le vide de ma maison où personne ne m’attend. Prendre un chien, un chat ou un poisson rouge pour avoir de la compagnie ? Faire la vieille paysanne assise devant son cabanon qui caresse la dernière poule rescapée de l’hécatombe de grippe aviaire. Je crise et je me demande sérieusement s’il ne faut pas humblement, mais dignement tirer ma révérence et gagner les cieux des grandes plaines. Mort cérébrale à cinquante ans, pourquoi alors de l’acharnement thérapeutique. De toute façon, personne ne dansera lors de mes obsèques ni versera de larmes. Ils s’en foutent. Et moi je n’ai plus de perspective.

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  • Humeur au fil des jours sur la gaytitude parisienne d'un mec plus tout jeune et happé par les marasmes quotidien en pleine Pédalie. J'ai un gros grain et je l'assume, mais je n'ai pas la grosse tête.
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