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Journal d'une Dramaqueen
28 mai 2007

Je suis amoureux

Samedi : Je n’y crois pas moi-même. Cet état de grâce ne durera que quelques heures, le temps de coucher ici ces lignes, ma personne ensuite. P. est ingénieur qualité, dans le secteur de la pharmacie. Tout ce qu’il faut pour me plaire car rien des volatiles stéréotypées du Marais — dont je fais partie, en très vieux et très précieusement ridicule — le mec d’à côté, début de la trentaine, parfaitement charmant et avec un regard d’yeux bleus dévastateur. Ce scud m’a transpercé, au cours d’un dîner chez P.&F. qui faisait suite à leur venue chez moi. J’ai même réussi à sortir deux trois trucs vraiment inspirés pendant le repas, des phrases bien ficelées et des mots d’esprit délicieusement décalés, comme si j’avais fumé de la moquette pas nette.

P. m’a ramené chez moi, ce qui m’a évité un taxi, et il est reparti vers je ne sais où, sans que je puisse le contacter ultérieurement. J’ai parlé ici — et à table — de ma récente vidéolecture de Queer As Folk, mais je ne me vois pas poser la question à brûle-pourpoint d’un “Je te kiffe un max mec cé koi ton numéro de fone on se revoit quand” lors du bisou à deux heures du matin qui termine une première — et certainement dernière — rencontre, sur la route dans la voiture. Même si je me voyais bien dans mon for intérieur lui faire une gâterie ou simplement poser ma main sur sa cuisse. Pathétiquement kitsch, et simplement pas possible. So long for my burning love desire. Reste toujours la possibilité de la veuve inconsolable ce soir, couché de côté, et sourd aux injonctions des bons amis car l’amour autoinfligé abasourdit.

Sommeil. Réveil. Soleil du dimanche. Vite sur mon nouveau vélo, voir en combien de temps je passe de chez moi à TOPQ.

Fin de la Lecture du “Cheikh” de Didier Who, (dixit Phil voir son commentaire ci-dessous - d’ailleurs je le rajoute aux liens, il a des choses à dire) — pendant le petit-déjeuner. “... ce livre est supposé constituer le recueil des petites pensées d’un moine homosexuel séropositif vivant dans le calme que je n’ai pas le droit de me mettre en colère.” (page 284). Oh la grosse tête. Je confirme, pour moi c’est un mauvais bouquin, un fourre-tout où les trois quatre points de réflexion vraiment intéressants sont à peine effleurés, noyés dans des détails très personnels, bien que fort honorables. Un genre de blog imprimé. Je m’y reconnais parce que ma situation est quelque peu similaire. Or écrire sur des choses intimes demande beaucoup de maîtrise et de talent. Là, c’est niais, sans la dimension transcendant une vie en particuliers, et de ce fait, raté. Écrivain ou journaliste, écrire ou décrire, vouloir satisfaire aux deux à la fois, Didier ne le sais pas le faire.

Vélo. Soleil. Grosse frayeur. Je roule comme une pintade lobotomisée et me suis vautré deux fois. Si jamais je passe à caméra cachée, je m’autosuicide.

Semaine calme à TOPQ, du boulot, mais bien, je fais la nounou du chef et du patron, et je gère. Les collègues vont et viennent. Le neuneu du recouvrement n’a toujours pas recouvré son bon sens comptable. Alors je fais le perroquet et lui explique pour la énième fois la règle de l’autofacturation d’un constructeur japonais réputé.

Reprise du dimanche de pluie. Un bref passage à BlueBook et au Cox, en belle meunière fashion accoutré d’un parapluie Célio noir. Déprimant. Après-midi de flotte, après-midi de baise. L'Impact s’impose. Je me fous à poil. Je suis toujours aussi surpris de voir le nombre de mecs bien foutus, et même d’un âge au-delà de la trentaine, et que la taille des bites n'a rien à voir avec la taille du bonhomme tout court. Tout comme il ne devient pas plus mec-mec par une belle bite virile, ce genre de régal dont rêve toute folle la nuit quand elle aimerait encore une fois avoir la possibilité de sucer son pouce afin de calmer ses angoisses de gosse, ce que nous sommes restés. Le mec peut en avoir une queue de très bon baiseur et en même temps se tortiller et agiter son cul comme une minauderie ambulante.

Bref, au départ je me sentais un peu hors jeu parce que personne ne m’approchait et mes tentatives d’engager les ébats se soldaient plutôt par des refus polis. Mais, à la fin, je suis tombé sur un gars, un breton du Havre (naissance et habitation, bien évidemment) qui m’a complimenté sur ma peau si douce et apprécié mes bijoux. Et qui n’a pas refusé une bonne heure de câlins. Rassurant et frustrant.

D’où la nécessité de revenir ici sur Didier L, et Castore, en guise de réponse à Phil. Je crois que si j’ai primo aujourd’hui quarante-huit ans et sérieusement merdé ma vie de couple car justement je n’en ai jamais vraiment eu, et que secundo des mecs comme Castore dans la trentaine et bien sous tous les rapports disent avoir du mal à construire une relation amoureuse dans la durée, et que tertio des couples pacsés existent, eux qui montrent que c’est possible — je fais référence à P.&F., ou P.&E., ou encore L.&J-P. — alors quarto il est primordial de trouver des réponses qui permettent une vie gay qui va de vingt à quatre-vingts ans.

Devoir trouver des réponses à Castore obligera d’analyser ce que des mecs comme moi (où à un certain degré l’ours helvète) ont fait ou n’ont justement pas fait, afin de proposer des alternatives à tester. L’une entre ces alternatives ne consiste certainement pas à se retirer en Normandie quand on a les moyens. C’est juste du coocooning à distance. L’autre alternative actuellement plus que surexploitée, la virtualité du net, du porno, des “brief encounters”, de la consommation des personnes identique à celle des biens, ne représente pas non plus une échappatoire. D’autant que cela ne concerne que l’infime petite partie des gays bobos parisiens (remplacer par la ville appropriée) qui ont les moyens financiers. J’en fais partie, car j’ai cette chance. Le pédé de base du neuf-trois ne l’a probablement pas, et quid de l’homosexuel africain, asiatique ou sud-américain ?

Lundi de la Pentecôte. Je suis illuminé.

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  • Humeur au fil des jours sur la gaytitude parisienne d'un mec plus tout jeune et happé par les marasmes quotidien en pleine Pédalie. J'ai un gros grain et je l'assume, mais je n'ai pas la grosse tête.
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