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Journal d'une Dramaqueen
7 février 2008

Apothéose I

Le calme est revenu. Ce qui est impossible en physique stellaire s’est produit : j’ai réussi à m’extirper de mon trou noir du week-end, péniblement, un trou noir que j’ai appelé officiellement du côté de TOPQ « une gastro avec complication de rhume ». Je me suis mis trois jours sous ma couette, j’ai dormi comme un loir qui attend le printemps et ses beaux jours, j’ai mangé des tonnes de sucre sous forme de gâteaux, cookies et chocolat. Aucune envie de faire quoi que ce soit, le temps était gris. La réalité du feuilleton télé des séries américaines se substitue à la réalité tout court. Il ne se passe rien dans ma vie qui ne soit réglée par mes habitudes. Boulot, vélo, dodo. Samedi courses, shopping, bière. Dimanche balade, livre, télé. Des fois, je papote, de tout et de rien, avec les uns et les autres au gré de leur passage. Tout le monde est en couple, réellement ou virtuellement, mari et choupinou confondus. Moi je suis seul. Il y a de beaux restes que quelques-uns daignent remarquer sans pour autant que le prince charmant déclare sa flamme à la reine, qui fane et ressemble de plus en plus à l’arrière-reine-mère.

Je ressens de plus en plus le poids des ans et du glissement vers la respectabilité asexuée due au troisième âge. À la fois massif et creux, je suis les lignes de la gravitation sociale qui me poussent vers la périphérie, là où je ne fais plus de rencontres et où je ne risque plus non plus de heurter. Membre du chœur des pleureuses. Avant de rejoindre la bande je m’enfonce dans les trous noirs sur mon parcours, happé par le vide duquel je ne m’extrais qu’avec difficulté. Je rêve d’événements qui ne se produisent pas. De tendresse qui ne se tourne plus vers moi. De libido que je ne suscite plus. Je rêve.

Bon, mercredi matin, je me dis qu’il y a deux possibilités. Rester dans mon état de léthargie d’apitoiement ou reprendre mon drahsel, rouler au bureau et bosser. Je suis fou, déprimé mais pas con. Pas de boulot, pas de paie. Donc pas nid douillet qui tienne pour s’apitoyer sur son sort. Journée TOPQ normale, calme. Sporting ensuite, avec pour la deuxième fois un truc de déjà-vu, comme si mes rêves et fantasmes pouvaient se réaliser, mais de manière décalée, déphasée, retardée. Et bien sûr, l’objet de mon fol engouement est hétéro. Rien à faire, et par là même encore plus attrayant. A. me fera-t-il souffrir. Le poids de l’âge me pousse vers le renoncement. Le titillement du désir se fait moins vif, la phrase magique « à quoi bon » se prononce plus vite. Je pense à lui et je m’en détourne déjà, désabusé. La distance de temps se mue en distance physique. Que me reste-t-il d’autre que de lui adresser des sourires amicaux non équivoques, comme les vieilles personnes encouragent et apprécient les jeunes pousses. A. est sexe, je suis dans la cour du troisième âge, lubrique ou dépourvu de sexualité. Digne. Comme je déteste être digne.

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  • Humeur au fil des jours sur la gaytitude parisienne d'un mec plus tout jeune et happé par les marasmes quotidien en pleine Pédalie. J'ai un gros grain et je l'assume, mais je n'ai pas la grosse tête.
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