Apothéose III
BlueBook en attendant l'ours. Mozart, cette fois-ci les symphonies, palliatif à la solitude. Car après trois ans de blog je suis fatigué de ressasser toujours les mêmes phrases qui se veulent drôles mais qui n'ont d'intérêt que pour moi. Se moquer de l'ennui au quotidien est de plus en plus difficile. D'ailleurs la chape de la vacuité pèse chaque semaine davantage. Ma vie se résume au boulot, au sport, à la bouffe et au shopping du samedi. Dans ma tête je sens approcher le fatum de la cinquantaine. Aujourd’hui, nous sommes le dix-sept février, jour de l'anniversaire de ma mère morte à soixante ans. En 1995, donc treize ans, déjà. Boutade : me reste-t-il donc encore une dizaine d’années avant de succomber à mon tour ?
Vivre ? Mais pourquoi, pour qui ? Je suis tellement troisième âge. Et en dépit de belles fringues et d’une certaine sveltesse apparente, je suis laid et vieux une fois la lumière crue allumée. Je ne vois vraiment pas comment un mec un tant soit peu sensé puisse tomber amoureux de moi. Encore si j'avais du charme. Or je dispose justement seulement d'expérience, celle des vieux croûtons que l'on respecte mais que l'on ne désire pas. Personne ne baise avec son grand-père ce que je suis aujourd'hui. Arrêtons alors les simagrées.
Je migre au Cox, pour un verre, entouré de dindes, toutes les mêmes, comme moi, parlotte désabusée d’un dimanche après-midi. Au moins n’y a-t-il plus la fumée. À la vue des différents couples, des nouveaux arrivés, des habitués que je reconnais et des mochetés qui ont le même âge que moi, l’œil torve et lubrique, rongé désir et de lubricité, je me plonge dans mon Adelscott, la main en train de caresser mon iPhone pour savoir si l’ours est en route. Il ne saurait tarder, désormais.