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Journal d'une Dramaqueen
26 mars 2008

Le calme du mercredi

Pas beaucoup de boulot – TOPQ est calme à souhait. Est-ce que je suis réellement parti ? Je me pose la question, tellement la routine revient. Hier soir, mardi, les Expert. Après une excellente séance de gym au Sporting qui suite à la vente agressive d’abonnement s’est beaucoup beurrisé, ce qui n’est pas pour me déplaire. Un ours dirait que la vieille mouille, et il aurait raison. Hier soir j’étais tout excité, allez savoir pourquoi, les effluves de testostérone, mon short basketteur qui me va bien, le fait d’avoir été en forme, mes pensées pour le petit Alex, ou simplement mon énergie débordante. Le temps est froid, mais le soleil est la, le matin quand je me lève. J’ai trois mois de bonheur, à utiliser à bon escient. J’aurais dû chatter, je suis inscrit partout, même coté Gayromeo, affectueusement appelé « schwules Telefonbuch Deutschland » ou annuaire gai allemand. Tout le monde y est référencé, maintenant moi aussi. J’entends rire un ursidé. Chez L&E, je suis resté plusieurs soirs sur Gayattitude papoter avec mon ours. Pratique.

Pensées profondes : l’âge qui me rattrape. L. est persuadé que j’ai quarante-quatre ans, comme toute les cuirettes, je me suis rajeuni la première fois quand on s’est rencontré il y a plus de dix ans à Hambourg lors du meeting d’été de la pédalie européenne. À l’époque, je pouvais prétendre à la trentaine, je l’ai fait. J’ai la chance d’avoir la quarantaine fringante. Quand j’étais chez Pierrot, je me sentais comme le gamin chez les parents, ce qui est un peu vrai. Sauf que lui, il aura quatre-vingts ans au mois de mai, et moi cinquante en octobre. Gudrun, sa fille, née la même année en janvier, elle a mon âge et quatre gamins. L’aîné en a vingt-cinq, termine ses études et il est en train de se mettre en ménage avec sa copine. Hétéronormalité banale. Moi je n’arrête pas de me dire que j’ai loupé un épisode, un truc, qu’il y a des choses qui ont foirées.

Dimanche, dernier soir à Hambourg, un restaurant portugais, et un dernier verre au bar que L. appelle son salon parce qu’il est à trois pas de son appart. Bien sûr, on retombe sur plusieurs de ses copains, dotés de ce sex-appeal teutono-nordique auquel je ne résiste pas. J’ai failli faire un comptoirite aiguë, frappé par la splendeur du serveur qui s’appelle Frédéric et qui est tout mignon choupinesque. À la fois avoir l’impression d’y appartenir toujours parce que doté de jeunesse éternelle, le temps ne s’arrêtant jamais, et se savoir relégué car vieux et dépassé face à toute une vie de souvenirs et d’occasions manquées. Ambivalence de perception. Non, je n’ai plus envie de sortir tous les soirs dans les bars et les baisodromes, furent-ils d’excellente facture et situés à Hambourg. J’ai besoin de tendresse recueillie et de complicité réconfortante. Des trucs hétéros, quoi. Nous, les gays de France et de Navarre, nous baisons, mais nous n’aimons point. En tout cas pas en couple, et pas au-delà de la trentaine. Il y a des mecs qui arrivent au stade du nirvana rose, sauce Barbara Cartland – ils s’aimèrent et eurent beaucoup de labradors – j’en connais même, mais cela reste exceptionnel. Non, on est jeune et excité ou vieux et serein, et ensuite, grabataire et invisible.

Parenthèse : il semble qu’à Berlin, une maison de retraite exclusivement gay. Ce que l’on a pensé être une boutade (Tales of the City ; Transport Parisien) est devenue une réalité. La ségrégation selon l’âge se couple de la ségrégation selon les préférences sexuelles. Pour mieux baiser, tous dentiers et cannes dehors ?

Conclusion : Hambourg, à l’instar de Berlin en mai l’année dernière, c’est comme un grand retour en arrière, vers le passé, où je rajeunis et me retrouve. En même temps, c’est loin, dépassé, et accessoirement contradictoire. Je me sens en dehors de la course, désormais, comme un adulte, âgé, qui contemple la jeunesse nouvelle, perdu pour lui.

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  • Humeur au fil des jours sur la gaytitude parisienne d'un mec plus tout jeune et happé par les marasmes quotidien en pleine Pédalie. J'ai un gros grain et je l'assume, mais je n'ai pas la grosse tête.
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